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Toute oeuvre d’art est avant tout un travail, parfois un combat avec soi-même ou avec la matière. Dans le cas de Mijo, lorsqu’on embrasse d’un regard les quelques oeuvres qui sont regroupées sur une même table, on a une impression de fluidité.

Les lignes de ses femmes allongées, nues, abandonnées, répondent aux lignes de ses chats. On ressent bien chez Mijo la fréquentation de ses animaux de compagnie. La volupté féminine répond à cette volupté animale, naturelle et spontanée. Le chatoiement du soleil n’est pas loin et si l’on quitte un instant la table féline, notre regard va s’accrocher aux sourires de tête d’enfants.

Et l’on sent ces enfants, heureux, souriant à tous les matins, à toutes les aubes d’un temps infini, celui de l’enfance. On sent dans leur chevelure quelque chose du vent, une brise seulement. Aucune tempête ne les a encore ébouriffés. Et l’on voudrait qu’il en soit ainsi pour tout leur futur.

Tout cela pourrait paraître convenu et puis là, sur une colonne, vous découvrez une scène. Une vache lèche un petit veau à peine debout. Interloqué vous regardez le catalogue : Maternité ! Mijo, amoureuse de la Normandie vit aussi à l’écoute de ces animaux simples qui entourent sa propriété. Encore une fois un sentiment profond, universel, la maternité, ne fait pas la différence entre animalité et humanité.

Un bas-relief, une patine à peine vert de grisée, quelques éclats bronze doré captant somptueusement la lumière, quelques poules, des poussins blottis sous les ailes rassurantes d’une maman poule valent tous les angelots dodus et fessus des bas-reliefs rococo.

Le travail de Mijo est donc en quelque sorte une ode à la joie de vivre, au bonheur. Non pas ce bonheur béat né d’un esprit superficiel, léger. Non, tout cela vient d’un esprit qui a compris qu’il n’est pas de tête bien faite sans quelque chose du coeur.

Et s’il était donné à chacun d’explorer le « chez-soi » de Mijo, on y verrait une
Terre cuite, sans patine. Un François d’Assise, caressant le loup, caressé par les oiseaux et l’on comprendrait alors que les choses de ces corps nus, abandonnés ont beaucoup à voir, avec les chats, avec les sourires de l’enfance, avec les oiseaux qui nous mettent en contact avec l’azur et l’on ne pourra pas ne pas ressentir en quittant ce « chez-soi », la caresse d’un rayon de soleil.

Raymond Jacquemin

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