IL A FROID !

Il court à perdre haleine sous la pluie. Il ne sait plus pourquoi il court, il court c’est tout !
Il a froid !

l pleure, il sanglote, mais il ne sait plus si c’est la pluie qui ruisselle sur ses joues ou des larmes.
Il est trempé, dégoulinant. Ses vêtements ont renoncé depuis un bon moment à le protéger de la pluie étant eux-mêmes incapables d’absorber la plus petite goutte d’eau.
Il a froid !

Il court mais il n’en n’a plus conscience. Il court par habitude, par peur, par chagrin. Oui, c’est cela, par chagrin. Un chagrin immense, énorme, insupportable, qui porte un nom… Morgane !
Il a froid !

A l’instant où ce nom prend forme dans son esprit, il se souvient. 
Il se souvient et tout lui revient en mémoire. 
La douleur est si violente qu’il s’écroule sur le sol. Peu lui importe, il est aussi trempé que cette herbe imbibée d’eau dans laquelle il est à présent agenouillé, la tête entre les genoux dans la position foetale, tel un bébé s’apprêtant à quitter le liquide amniotique pour affronter le monde extérieur. Ce monde dont il voudrait ne rien savoir, ne plus rien savoir, ce monde qui le fait aujourd’hui tellement souffrir. 
Il a froid !

Alors, levant la tête vers le ciel, à genoux, les bras dressés, les poings serrés, tels les moignons martyrisés d’un arbre amputé de ses branches, un cri inhumain, un appel désespéré sort de sa bouche…
MÔÔÔÔR…. GÂÂÂÂ…. NEEEEEE…. 

Ce mot résonne dans le lointain, puis l’écho se tait, et seuls les sanglots de l’homme meurtri se noient dans le silence de la nuit. 
Il a froid !

Il reste un longtemps prostré, presque inconscient, tandis que la pluie continue de tomber, violente, agressive, presque cruelle, n’ayant aucune pitié pour ce pauvre corps anéanti par le chagrin, qui ne lui résiste pas, qui ne lui résiste plus.
Il a froid !

Au bout d’un long moment, petit à petit, il reprend conscience, son esprit commence à réagir et son corps se détend un peu.
Il se relève lentement et se dirige vers un banc aussi trempé que lui, qui semble l’inviter à s’assoir. Une fois assis, il regarde autour de lui et ne reconnait pas les lieux. Comment est-il arrivé ici ? Il n’en sait rien. Il a tellement couru quand il a découvert le mot que Morgane avait laissé sur son oreiller qu’il a erré comme un fou dans tous les sens, cherchant dans sa mémoire en débandade tous les lacs ou les étangs de la région, et celui qui se trouve devant lui est le dernier, il n’y en n’a pas d’autres. C’est sa dernière chance de la retrouver… vivante, ou pas !
Il a froid, il grelotte !   

Il regarde cette étendue d’eau calme, tranquille, dont les seuls indices de vie sont les innombrables bulles que la pluie fait naitre un peu partout, créant un clapotis, plic… ploc… plic… ploc… qui pourrait faire penser à un concert de clochettes, mais qui en réalité, lui rappelle que cette eau pourrait bien avoir englouti Morgane, comme elle le laissait entendre dans ce funeste mot.
Il a froid, il tremble, il claque des dents, il a peur !

Morgane ! Il se souvient.. 
Il y avait à peine deux ans qu’il l’avait vue pour la première fois sur la plage. Elle sortait de l’eau. Elle était belle, si belle, qu’immédiatement il n’avait plus vu qu’elle. Toute la plage était devenue silencieuse autour de lui, tous les gens avaient disparus. Elle avait l’air d’une sirène. Ses longs cheveux mouillés ressemblant à des algues, enveloppaient son corps de déesse. Elle était belle à en mourir et Lancelot eut vraiment l’impression de mourir d’extase devant tant de beauté.

Elle ne paraissait pas se douter de l’effet envoutant qu’elle produisait sur lui, du moins le crut-il, alors que pour lui, instantanément, elle était devenue son air, sa respiration, son espace vital, son sang, sa chair, sa vie toute entière, et il était resté un long moment sans bouger, tétanisé, comme pris dans un filet dont il sut inconsciemment qu’il ne pourrait jamais se délivrer.
Il la regardait intensément, immobile, comme envouté, respirant à peine, et c’est son ami qui le fit sortir de cette transe en l’appelant à plusieurs reprises:
 – Lancelot !… Lancelot !…

Il avait sursauté en entendant ce prénom qu’il détestait, le trouvant démodé et ridicule. Dans son enfance ses camarades ne s’étaient pas privés de s’en moquer, ce qui avait ajouté à sa détestation. Sa mère était férue des contes et légendes, celtiques en particulier, et avait tenu tête à son père quand elle lui avait révélé son désir de donner à leur fils ce prénom. Heureusement qu’ils n’avaient pas eu d’autres enfants parce que tous les Chevaliers de la Table Ronde y seraient passés, sans compter les fées, s’ils avaient eu des filles. 

Aussi, quand son ami l’avait appelé, le faisant revenir à la réalité, pour la première fois son prénom lui sembla beau et plus du tout ridicule. Ce fut une sensation bizarre mais très agréable, comme s’il venait de naître. Renaître dans une autre vie. Une vie qui serait belle et magique. La vie dont il avait toujours rêvé.

Elle était assez loin mais il vit qu’elle aussi l’avait remarqué et le regardait intensément. Ce fut un instant magique. 
Il se leva et se dirigea vers elle, au ralenti. Il ne le fit pas consciemment, il était comme mû par une force invisible qui l’attirait vers elle, tandis que de son côté elle parcourait lentement la distance qui la séparait de lui. Ils s’attiraient comme deux aimants, irrésistiblement, leurs pas à l’unisson, leurs yeux rivés l’un à l’autre. ils s’arrêtèrent en même temps, à quelques centimètres l’un de l’autre, et s’immobilisèrent.
Le temps parut se figer quelques secondes, pour lui comme pour elle.

Quand cet instant irréel se dissipa, il lui sourit et se présenta.
  – Bonjour, je m’appelle Lancelot. 
Il craignait qu’elle se moque comme à chaque fois qu’il disait son prénom, mais elle avait sourit malicieusement et lui avait répondu, après quelques secondes…
 – Bonjour, moi c’est Morgane !

Ils s’étaient regardés et avaient éclaté de rire en même temps. Ces deux prénoms tout à fait anachroniques, les avaient rapprochés immédiatement. C’était comme une évidence, ils étaient faits pour se rencontrer et vivre une merveilleuse et éternelle histoire d’amour.
Du moins c’est ce qu’il avait cru.

Elle lui raconta immédiatement l’histoire de son prénom, tout-à fait semblable à la sienne, mais elle voulut également lui raconter succinctement l’origine de cette Morgane.
Il la connaissait bien sûr, mais il la laissa parler.
 – La fée Morgane était l’une des fées des eaux, élevée par l’enchanteur Merlin. Elle maîtrisait le passage de notre Monde vers l’autre Monde dont les temps ne s’écoulaient pas au même rythme. Tu le savais ?
– Oui, bien sûr, avec un prénom comme le mien, très tôt, je me suis renseigné sur ses origines. Et puis, ma mère n’arrêtait pas de me raconter les Chevaliers de la Table Ronde, et toutes ces histoires de fées dont elle raffolait. 
 – Tu sais aussi qu’elle a éduqué Lancelot du Lac après la mort de son père ?
 – Oui. 
– Egalement, qu’après avoir été une fée bienfaisante, elle est devenue méchante ?
 – Oui
– Ça ne te fais pas peur ? 
 – Non, pourquoi ? Ce sont des légendes très anciennes, pourquoi voudrais-tu que cela me fasse peur ?
 – Pour rien, je disais çà comme çà…
Il ne s’inquiéta pas une seconde de ces mots, pourtant il aurait dû, vu ce qui se passait aujourd’hui. 
Il a froid !

Ils avaient immédiatement décidé de vivre ensemble et ce fut une période d’enchantement pendant plus d’un an, mais depuis quelques mois, de plus en plus souvent il sentait qu’elle changeait imperceptiblement. 

Il se souvint alors de l’attitude inquiète de ses amis, qui, après s’être réjouis de cette rencontre qui le rendait tellement heureux, avaient lentement changé de comportement envers Morgane, sans qu’il comprenne pourquoi. Mais ça ne l’avait guère affecté pendant un temps, jusqu’à ce que lui-même se rende compte de ces changements, imperceptibles à leurs débuts, mais de plus en plus fréquents. Un regard un peu moins aimant, et même parfois critique, un geste d’agacement, l’impression qu’elle n’était plus avec lui quand il lui parlait, toutes ces petites choses qu’un amoureux aussi épris que lui remarque, même s’il ne le laisse pas voir.
Il l’aimait à la folie et parfois il avait peur de cet amour, peur, parce que c’était trop fort, trop envahissant, du moins pour lui.
Il ne pouvait pas se passer d’elle plus de quelques minutes. Dès qu’il ne la voyait plus, il entrait en transe et perdait tous ses moyens. Il la cherchait alors éperdument et ne trouvait le repos que lorsqu’elle était de nouveau près de lui. Au début de leur idylle, cela semblait la ravir et elle manifestait les mêmes sentiments à son égard, mais hélas, cela ne dura pas. Un an de pur bonheur, sans nuages, puis petit à petit, tout avait changé.

Aujourd’hui il se rendait compte que ses amis avaient dû constater ces changements bien plus rapidement que lui, même s’ils s’étaient tus longtemps, n’osant peut-être pas l’affronter, sachant qu’il ne les écouterait pas ou, plus grave encore, qu’il pourrait se détourner d’eux.
Morgane, après les premiers mois pendant lesquels ils avaient été sous son charme, ne semblait plus faire le moindre effort, et se montrait maintenant à eux sous un jour très différent, qui ne leur plaisait pas.
Il a froid !

Sur ce banc qui semble pleurer avec lui, il se souvient des moments heureux avec elle. Il se souvient de cet amour qu’il avait cru indestructible. Il se souvient de son visage, de ses yeux bleu lagon qui pouvaient passer du vert quand elle était heureuse et riait, au noir profond quand elle était en colère. Il se souvient de ses cheveux noirs qu’il comparaient toujours à des algues parce qu’ils l’enveloppaient comme un manteau quand elle était allongée auprès de lui. Il s’étalaient alors autour de son visage, de son corps de sirène, et dans ces moments elle était tellement belle qu’il en avait inconsciemment un peu peur. Elle était trop belle. Il se souvient de leurs étreintes, de leur plaisir toujours à l’unisson, toujours tellement violent qu’ils mettaient un long moment à sortir de cet état de grâce. Il se souvient de leurs rires. Il se souvient de leur connivence. Il se souvient de son sourire pour lequel il aurait donné sa vie.

Il se souvient de leur première, et dernière dispute !…
Il a froid !

Cela faisait un bon moment que les choses ne se passaient plus aussi bien entre eux mais il n’avait pas voulu s’en inquiéter. Il voulait que çà dure, que leur amour soit infini, éternel, même s’il sentait les fêlures qui se précisaient de plus en plus. Il ne voulait pas lui en parler de peur que ça ne précipite les évènements qu’il pressentaient.
Il a froid !

C’était il y avait à peine quinze jours. Tous les mois, à la date anniversaire de leur rencontre, il lui offrait un bouquet de roses rouges, un bijou et un dîner au restaurant, en amoureux. Au début elle était enchantée et ravie de toutes ces attentions, autant de preuves de l’amour qu’il lui donnait, et cela dura pendant plus d’un an.
Mais après cette année idyllique, au fil des mois, elle semblait moins enthousiaste en découvrant ses cadeaux, pourtant toujours aussi beaux. Elle manifestait une réticence à l’idée d’aller au restaurant, et même le bouquet de roses rouges, qui s’ornait d’une rose supplémentaire chaque mois, ne semblait plus lui faire plaisir.
Il finit par lui demander ce qui se passait, s’il lui avait déplu d’une façon ou d’une autre et, si c’était le cas, lui dit qu’il était prêt à s’excuser, à réparer, ou même à changer.  Mais elle éluda ses questions. Alors, et pour la première fois il osa se plaindre de son attitude.
Il lui fit remarquer tous les changements qui s’étaient opérés en elle depuis un bon moment, et toute la souffrance qu’il en ressentait, surtout parce qu’il ne les comprenaient pas.
Il lui dit combien il l’aimait, combien il avait besoin d’elle, qu’il ne pouvait pas vivre sans elle… et c’est à ce moment qu’elle lui avait dit,  sur un ton très froid, impersonnel, comme si çà ne la concernait pas… ou plus… 
 – Il faudra pourtant bien que tu t’y fasses !

Il était resté sidéré !  Tétanisé ! Il n’avait pas réagit pendant un moment, puis il avait éclaté !
Il lui avait enfin dit tout ce qu’il ressentait depuis des mois. Combien son attitude le blessait tous les jours un peu plus. Combien il faisait d’efforts pour lui plaire et le peu de réactions qu’il en avait en retour. Il se plaignit de l’indifférence qu’elle lui manifestait. Il lui reprocha ses refus quand il lui disait son désir d’elle, et lui dit combien cela le torturait. Il lui dit sa souffrance de ne plus pouvoir la toucher, la caresser. Il lui dit combien cela le rendait fou. Il lui dit que leur complicité, leurs rires, lui manquaient horriblement et douloureusement… 
Il aurait continué si, au fur et à mesure qu’il parlait, il n’avait vu son visage rester impassible. Pas la moindre émotion. Pas une larme au fond de ses yeux. Elle le regardait comme si elle ne le voyait pas, ne l’entendait pas, comme s’il n’existait déjà plus.
Il a froid !

Il se tût un long moment et ils se regardèrent en silence. Lui dévasté, elle indifférente.
Puis, d’une voix blanche, il lui demanda:
 – Tu as rencontré quelqu’un ?
 – Non.
 – Alors, que se passe t‘il ?
 – Tu le sauras bien assez tôt, je ne peux pas t’en parler aujourd’hui.
 – Tu te rends compte que tu es en train de me rendre fou ? De me tuer ? Comment veux tu que je vive avec cette question sans réponse ?
Elle se leva, les yeux brillants comme s’ils retenaient des larmes, le regarda avec une infinie tristesse qui fit croire à Lancelot que tout n’était pas perdu. Mais elle se reprit vite et lui dit d’un ton neutre:
 – Ne sois pas trop pressé…
Puis elle sortit de l’appartement, en silence.
Il a froid.

Sur le banc, Lancelot regarda autour de lui. Le silence enveloppait les lieux, comme dans l’attente de quelque chose, d’un évènement. Même la pluie s’était calmée. Elle tombait en fines gouttelettes, ne faisant plus chanter le Lac.
Il a froid, de plus en plus froid !

Il sortit de sa poche la lettre qu’il avait trouvée tout à l’heure sur son oreiller. La pluie se mêlait à ses larmes, noyant l’encre qui coulait et s’effaçait lentement. Il n’en avait pas besoin, il la connaissait par cœur. 
Fermant les yeux, il la visualisa en silence.
Il a froid

 Mon amour,

Te souviens-tu de notre première rencontre ?
Je t’avais mis en garde en te parlant de la fée Morgane qui pouvait favoriser le passage entre nos deux Mondes, où le temps ne s’écoule pas au même rythme. Je t’avais dit aussi que je pouvais devenir méchante.
T’en souviens tu ?
Tu n’as pas eu peur, ou plutôt tu n’as pas pris garde à mes paroles.
Je ne suis pas de ton Monde, Lancelot.
Tu ne t’en étais jamais douté, même un petit peu ?
Je suis depuis très… très… longtemps, à la recherche de l’Homme qui m’aimerait assez pour me permettre de devenir Humaine.
Depuis des siècles, quand je pensais avoir trouvé l’Élu, je le transportais dans mon Monde et nous y vivions ensemble, jusqu’à ce que je me rende compte que ce n’était pas encore celui qui réaliserait mon désir. Alors je le renvoyais dans son Monde et il oubliait, sans souffrances ni regrets, tout ce qui sur cette terre, n’avait été qu’un bref instant
Avec toi ça été tellement différent ! Au lieu de t’entrainer dans mon Monde, je suis venue vivre dans le tiens, par amour.
Quand je t’ai vu sur la plage, le choc a été tellement violent, tellement ardent, que j’ai cru que j’avais enfin terminé ma quête. Que tu allais me permettre enfin de devenir humaine, et que nous allions vivre, non pas indéfiniment puisque je serais devenue mortelle comme toi, mais un long et merveilleux amour.
De tous les hommes que j’ai connus, tu es celui que j’ai aimé le plus intensément, mais cela n’a pas suffi malheureusement. Je t’ai aimé très sincèrement, longtemps, passionnément, mais j’ai compris au fil du temps que je ne pourrais pas vivre humainement dans ton Monde. Ni avec toi, ni avec un autre, rassures-toi . Ce n’est pas de ta faute, c’est en vivant parmi les tiens que j’ai compris que ma place n’était pas parmi vous. Que je ne serais serais jamais heureuse ici, et surtout, que je ne te rendrais jamais heureux. Du moins pas comme tu le voudrais.
Oui Lancelot, tu as vécu avec une fée, sans le savoir. Les changements que tu as vus en moi étaient dûs aux questions que je me posais à notre sujet. J’étais perdue, et te voir souffrir à cause de moi me faisait tellement de peine… J’ai tenté, par cette attitude odieuse,  je t’en demande pardon, de te détacher de moi. Mais je n’y suis pas parvenue et je t’ai fait souffrir, bien involontairement, d’autant que je souffrais moi-même de cette situation.
Malgré la peine immense que je ressens de te quitter, et le chagrin que je te fais, je dois te laisser vivre ta vie d’homme.
Nos Mondes ne sont pas compatibles, je l’ai enfin compris grâce à toi.
J’ai résisté longtemps avant de prendre cette douloureuse décision, mais je vais te libérer mon amour, et te rendre à ta vie d’homme. Quand à  moi je vais retrouver mon Lac et ma vie de fée.
Ne cherche pas à me rejoindre, je t’en supplie car tu y perdrais la vie, aucun être humain ne pouvant vivre au fond de mon Lac.
J’espère qu’avec le temps tu ne m’en voudras plus et que tu ne garderas de nous que de bons souvenirs. Moi je ne t’oublierai pas.
Ta Morgane, qui t’as aimé et qui t’aimeras à travers le temps. 

Il demeure immobile pendant un long moment, regardant le Lac comme s’il ne le voyait pas.
Puis il se lève doucement, enlève sa veste, sa chemise. Se dévêt complètement, range ses vêtements bien pliés sur le banc, y pose la lettre qui n’est plus qu’un morceau de papier trempé dont les lettres pleurent, puis, pieds nus, il s’avance vers le Lac ! 

Il tremble de froid, il grelotte. 

Il se retourne, s’immobilise quelques instants, regarde autour de lui comme s’il voulait imprimer cette dernière image sur sa rétine, et entre dans l’eau. Il frissonne au contact de l’eau glacée, mais curieusement il n’a plus froid. Sans se presser, il avance, et quand il a de l’eau jusqu’aux épaules, il prend une dernière inspiration. Deux mots  sortent de ses lèvres bleuies… presque  silencieusement… J’arrive Morgane ! 
Il disparait, englouti par ce Lac qui l’accueille comme s’il l’attendait depuis toujours.
Il n’a plus froid, il ne sent plus rien, il est bien… enfin !

Personne n’a jamais compris ce qui s’était passé. On a finit par penser que le disparu avait été victime d’un rôdeur qui l’aurait assassiné, mais les vêtements sur le banc, et surtout ce papier dont on n’a pas pu déchiffrer les lettres noyées,  sont restés une énigme pour tout le monde, d’autant que Morgane aussi avait disparu et qu’aucune de ses affaires n’avaient été retrouvées. Le mystère est resté entier, sauf pour vous Lecteur, puisque vous avez assisté aux  derniers instants de Lancelot, mais chut… ne révélez pas ce secret, cela briserait le charme.

Mijo

Tous droits réservés

Je tiens à remercier Patricia D. pour sa lecture attentive, ses conseils éclairés, et surtout pour sa patience envers mes innombrables fautes d’orthographe, remédiant à mes problèmes avec les tirets, les accents sur les « a » ou pas, et d’autres fautes d’inattention, et cela depuis « Ne dérangez pas les papillons », « Percy », et aujourd’hui:« Il a froid ». Merci. 

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21 réflexions sur « IL A FROID ! »

  1. Totalement prise dans cette nouvelle où je pressentais que Morgane n’était pas faite pour vivre avec Lancelot – qu’elle allait rejoindre Avalon, la cité mystérieuse des Dames du Lac.
    Pauvre Lancelot abandonné.. a-t-il été recuilli par les fées ? on aimerait le croire pour que cette nouvelle ne se termine pas sur une note trop triste.
    Ce froid, cette pluie, on les ressent au plus profond de nous tellement tes descriptions sont justes et détaillées…
    Un beau moment d’écriture avec une pointe de tristesse… la vie est ainsi et les temps d’automne engendrent souvent la mélancolie –

  2. Une lecture très agréable pour une histoire très triste. On est spectateur face à cette tragédie…impuissant. Les mots sont précis, beaux. Bravo et merci pour ce moment de partage.

  3. Belle histoire, Mijo, un peu triste et mélancolique mais qu’on a plaisir à lire, même avec les quelques fautes d’orthographe ou d’inattention qui restent (LOL)…. Merci pour ce partage !

  4. Une bien belle histoire. En fait on en connait pas vraiment la fin, peut-être se sont ils retrouvés au fond du lac pour vivre dans l’autre monde.
    Et un an d’amour avec une fée ne vaut-il pas mieux qu’une vie sans amour?
    Bisou
    Xtian

  5. Toujours fascinée par ton imagination talentueuse . Un vrai conte de fée agrémenté d’une histoire un peu triste à la foie tendre, émouvante et touchante.
    Bisou
    Monique

  6. Ici le temps est à la pluie, le froid s est soudainement invité… À ta lecture j étais dans l ambiance de Lancelot, j avais froid avec lui, avec sa tristesse….l amour est un merveilleux sentiment…mais il peut être parfois fragile. Souhaitons qu ils se soient retrouvés ..en toute discrétion dans les eaux du lac…merci pour cette jolie histoire

  7. une magnifique et tragique histoire qui m’a captivée.. Cet Amour entre deux êtres si différents … Je veux croire que l’Amour est plus fort que la Mort, et qu’ils se sont retrouvés dans le lac pour vivre enfin heureux ! Merci pour cette très belle histoire. Bisous

  8. Nous sommes partis dans la forêt de Brocéliande, lieu magique où règnent les légendes.
    Lancelot avait un prénom prédestiné. Lui qui s’était penché sur l’origine de son prénom, aurait dû se douter qu’en rencontrant une « sirène » s’appelant Morgane, n’était pas le fruit du hasard d’autant que celle-ci, lors de leur rencontre, lui avait indiqué implicitement qu’elle n’était pas une personne comme les autres.
    Il est tombé dans le piège d’un impossible amour. Un être simple ne peut aimer une fée, même si celle-ci a eu un faible pour lui. Plus sage, elle a essayé de le lui faire comprendre par son comportement, mais il n’a pas compris.
    Au final, elle est repartie dans son monde, non satisfaite du nôtre. Lui, aveuglé par son impossible amour, a voulu la rejoindre.
    Je ne suis pas certain que les deux aient pu se rejoindre car si l’une était immortelle, lui ne l’était pas.
    Un être normal ne peut côtoyer le monde des fées ou des génies.
    Pourtant ici, l’amour était pur, mais irréalisable. Lancelot ne pouvait, même par magie, devenir immortel. La seule consolation qu’il aura eue, c’est d’avoir vécu de merveilleux instants, même s’il en a souffert. L’embellie de sa fin de vie aura été de savoir que Morgane l’avait aimé.
    Ici, les mots « mourir d’aimer » prennent tout leur sens.

  9. « Les histoires d’amour finissent mal, en général »… Les paroles de cette chanson me trottent dans la tête après avoir lu cette toute récente nouvelle. La question que je me pose est la suivante: vaut-il mieux ne pas connaître l’amour intense pour ne pas souffrir ? Mais avons-nous vraiment ce choix de renoncer à l’amour ?
    Bises, Mijo l’enchanteresse 😘

  10. Tu nous entraînes dans un autre monde avec cette belle et triste histoire d’amour, chacun peut en réinventer la fin selon sa sensibilité, pour moi pas de doute Lancelot a rejoint sa fée de l’autre côté pour l’éternité .
    Il a froid…..il fait froid …..mais toi avec tes mots tu nous donnes chaud au cœur et à l’âme. Merci Mijo et Bravo 😘😘😘

  11. Lecture palpitante du début à la fin
    Entre réalité et imaginaire
    On pressent une fin sans issue
    Tragique ou sublime ? C’est selon chacun-e

  12. Très belle histoire triste et mélancolique d’un amour merveilleux, mais impossible entre Morgane la fée et Lancelot le mortel.
    Ils se sont aimés, ont été heureux, et peut-être retrouvés, rejoints pour l’éternité..?

  13. Voilà une bien triste histoire. Pauvre Lancelot.
    Un beau conte de fée. Tu as beaucoup d’imagination qui nous tient en haleine. Vivement une autre nouvelle. Bravo….

  14. J’aime la façon dont cette histoire est présentée, avec la répétition obsessionnelle de la sensation de froid qui étreint l’âme de Lancelot.
    Les histoires fantastiques ont toujours une référence à la réalité.
    Une histoire pleine de tristesse romantique.
    Combien de fois dans la vraie vie des choses comme ça se sont produites.
    Combien de fois un amour foudroyant, passionné, n’a pas résisté à la réalité de la vie normale.
    Combien de fois un rêve réalisé s’est évanoui comme une bulle de savon.
    J’ai beaucoup apprécié ce histoire et ta façon d’écrire.
    Bisous, Emili.

  15. Comme quoi.par amour fou..on peut se perdre..tout perdre…il faut se méfier des fées comme des princes..la lecture est fascinante même si.on devine à un.moment que Morgan va partir…merci.mijo..moi j ai aimé un.prince..tu sais qui..bisous

  16. Comme quoi.par amour fou..on peut se perdre..tout perdre…il faut se méfier des fées comme des princes..la lecture est fascinante même si.on devine à un.moment que Morgan va partir…merci.mijo..moi j ai aimé un.prince..tu sais qui..bisous

  17. Après tous ces compliments il est difficile d’ajouter quelque chose d’original, alors juste : comme tes autres lecteurs j’ai bien aimé ce conte, féliciatations encore une fois pour ta prose.

  18. J’ai enfin trouvé le temps de te lire mais je ne regrette pas juste après Noël j’étais ainsi encore dans l’ambiance féerique et la tristesse de ces fêtes passées. Je ne te connaissais pas ce talent d’écriture, je te souhaite donc une bonne continuation dans cette autre voie créative… Bises MF

  19. bonjour , un moment d’ amour que tout le monde devrait connaître !!!!!
    une très belle histoire comme on aime en lire . merci de tout mon cœur pour cet agréable moment !
    bisous gilles

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